mardi 22 avril 2014

Japon, jour 13 - Nara

Nous l'avons fait ! Tirés du lit à 6h30 par un message dans les hauts-parleurs de l'auberge, nous assistons avec les pèlerins et les visiteurs étrangers à la cérémonie matinale, à genoux sur des tatamis dans une salle qui sent l'encens d'un coin à l'autre. Les moines récitent des mantras de cette voix monocorde un peu inquiétante pendant qu'un de leurs collègues fait venir les pèlerins japonais un à un devant l'autel pour leur demander de prier. Même à moitié endormis, c'est une sacrée expérience. A la fin de la cérémonie, nous faisons un petit tour de la salle pour admirer les objets religieux, puis nous allons prendre le petit-déjeuner. Hasard ou pas, tous les Occidentaux se retrouvent dans la même salle, face à un repas composé encore une fois de riz, de thé et de bidules difficilement identifiables. Ça manque cruellement de sucre, et heureusement que le riz est à volonté, sinon il y aurait de quoi mourir d'inanition. Mais il fallait tenter l'expérience et nous en sommes ravis !

Après un arrêt-éclair à la porte de Koya-san, que nous avions manquée hier, nous voici partis pour Nara (les dieux doivent encore être furax, parce que nous sommes coincés derrière des camions rapides comme des escargots chevauchant des tortues pendant tout le trajet), où nous arrivons sur le coup de 11 heures. Le gros des visites du jour se situe dans le parc de Nara, célèbre pour ses daims dits "gloutons". Avec le temps, les bestioles ont un peu oublié qu'elles étaient herbivores et se font aujourd'hui nourrir à coups de gâteaux spéciaux par des touristes qui en redemandent. A peine arrivés, nous cédons à l'attrape-touristes et constatons que les daims deviennent vraiment fous furieux en présence de nourriture !




Mais il faut savoir redevenir adultes, et le temple Kofuki-ji est là pour nous y aider. Vous commencez à connaître la chanson : le temple d'origine a été construit au 7è siècle de notre ère, mais les différents bâtiments ont brûlé entre 5 et 7 fois et la dernière reconstruction remonte au milieu du 15è siècle. Autant dire que Kofuki-ji s'en tire plutôt bien, comparé à certains de ses petits copains ! Il y a là une belle pagode et surtout un grand hall où est exposé une belle et grande statue en bronze du Bouddha médecin. Cela dit, les termes "belle" et "grande" sont à relativiser par rapport à l'autre Bouddha que nous verrons un peu plus tard...




Un peu plus loin, après un déjeuner avalé en vitesse (qu'est-ce qu'il fait faim quand on a petit-déjeuné dans un temple à 7h !), nous attaquons le morceau de bravoure de Nara, le temple Todai-ji. La porte est superbe. Ses gardiens sont très beaux. Les petits temples renfermant des statues en laque séchée et des armées de gardiens célestes sont très intéressants. Mais ce n'est rien, absolument RIEN comparé au Daibutsu-den, le pavillon central qui héberge le Grand Bouddha (majuscules obligatoires).




Non content d'être le plus grand bâtiment en bois du monde (et encore, sa taille a été réduite d'un tiers après le dernier incendie), le Daibutsu-den abrite le plus colossal Bouddha en bronze de la planète. 15 mètres de haut, quand même. A l'entrée, on est littéralement écrasé par les dimensions de ce monstre, qui ne tient sur les photos qu'avec un recul absurde. Et quand on se dit que la chose date du 8è siècle (ou presque, elle a été largement rénovée depuis), on se sent encore plus petit. C'est beau, c'est fascinant, c'est sidérant de grandeur.




Pour nous remettre de toutes ces émotions, rien de tel qu'une nouvelle séance de nourrissage des daims et un sanctuaire perdu au milieu des arbres, le Kasuga-taisha. L'endroit est surtout réputé pour ses lanternes en pierre et en bronze, qu'on allume deux fois par an à l'occasion d'un festival. Sachant qu'il y en a 3 000, il doit falloir commencer la veille pour que tout soit prêt le jour J... De notre côté, nous sommes plus impressionnés par la glycine que l'on retrouve aussi bien dans le paysage qu'au front des servantes du culte. Joli mais pas facile à porter !




Sur cette note colorée, nous quittons le parc de Nara pour un site situé à mi-chemin de notre hôtel : le temple Horyu-ji, qui regroupe les plus anciens bâtiments en bois du monde (décidément, c'est la journée des superlatifs...). Dans ce qui est sans doute un record inégalé au Japon, le site n'aurait brûlé qu'une fois et aurait été reconstruit au 8è siècle. Du coup, on se sent à peu près aussi insignifiant que face au Grand Bouddha, mais pas pour les mêmes raisons... Et pour poursuivre dans la série "le machin le plus [insérer adjectif de votre choix ici] du [monde/pays]", la pagode est la plus ancienne du Japon. Rien que ça.




L'heure étant bien avancée, nous sommes obligés de faire la visite assez rapidement, mais cela ne nous empêche pas de passer un peu de temps dans la salle du Trésor, qui regroupe des dizaines de statues d'âge aussi vénérable que les bâtiments. Devant de telles merveilles, on ne peut pas s'empêcher de philosopher sur le fait que, à l'époque où le Japon était un modèle de raffinement et de culture, l'Europe se roulait dans la boue et les rois de ce qui n'était pas encore la France portaient des noms affreux du style Dagobert ou Childéric. Pas glorieux.

A partir de demain, nous attaquons le plus gros morceau du séjour : l'ancienne capitale, Kyoto.
Par ici les photos ! Et pour ceux qui veulent se moquer, on a même une petite vidéo en prime... ;)

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