lundi 28 juillet 2014

Irlande, jour 14 - Dublin

Pour cette dernière journée à Dublin, deux visites importantes que nous n'avons pas trouvé le temps de faire à notre arrivée. À commencer par un vrai monument, véritable emblème de l'Irlande avec la harpe, les trèfles et les leprechauns : la Guinness ! La visite de la Guinness Storehouse, qui s'étend sur plus de 25 hectares en plein milieu de Dublin, ressemble un peu à un parc d'attractions : il y a de la musique, du personnel de super bonne humeur, des trucs qui clignotent partout et des trucs marrants à faire à tous les étages. Et des étages, il y en a 7, même si le plus intéressant reste le premier, où l'on découvre quels ingrédients composent la fameuse bière "rouge rubis" (on la voit noire, nous, mais bon...) et où l'on apprend que l'entreprise a un bail de... 9 000 ans sur le terrain qu'elle occupe. Oui, il y a le bon nombre de zéros.



Un autre étage intéressant est celui qui retrace l'histoire de la publicité pour Guinness depuis les années 30. Arrivés à la partie dégustation, Pierre opte pour la Guinness Academy, qui permet de tirer soi-même sa pinte et de repartir avec un diplôme. Les autres, ceux qui n'apprécient même pas la bière, se contentent de quelques gorgées au bar du 7è étage, qui offre une belle vue panoramique sur Dublin.



Après un looong détour par la boutique, changement radical d'ambiance avec la prison de Kilmainham. Construite à la fin du 18è siècle sur le modèle des "prisons réformées" (silence total, on casse des cailloux dans son coin et chacun a droit à sa cellule) et fermée en 1924, cette prison est surtout célèbre pour avoir hébergé les principaux responsables de 6 rébellions et une guerre civile. L'un d'eux, Eamon De Valera, eut une belle reconversion : premier ministre de l'Irlande pendant 20 ans, puis président pendant 14 ans. Ses copains du soulèvement de 1916 ont beaucoup moins bien fini : on découvre pendant la visite le site de leur exécution...



Curieusement, Kilmainham est un site très couru, et la visite étant exclusivement guidée, il faut s'armer de patience pour y accéder. Nous devons ainsi attendre une bonne heure entre l'achat de nos billets et le début de la visite. Heureusement que c'est l'heure de déjeuner et que l'occupation est toute trouvée ! Après un passage par un musée très intéressant qui retrace les conditions de vie dans les prisons au 19è siècle, nous suivons un guide passionné par son sujet à travers les couloirs pendant une heure. C'est l'occasion de découvrir les cellules occupées par les rebelles de 1916 et de parler de Michael Collins ou de Au nom du père, des films dont les scènes de prison ont été tournées ici. Quand on connaît un peu l'histoire de l'Irlande, la visite est vraiment fascinante et émouvante.



Pour conclure l'après-midi et le séjour, il est temps de passer au traditionnel shopping. L'avantage de l'Irlande, c'est qu'on trouve tous les souvenirs possibles dans une chaîne de magasins spécialisés, Carroll's, ce qui facilite et accélère bien les choses ! Tellement, d'ailleurs, que nous déposons Pierre à son arrêt de bus avec une heure d'avance et qu'il peut ainsi rentrer à Galway un peu plus tôt que prévu. Le voyage se termine comme il a commencé : à trois !

Le mot de la fin.

Ce quatrième séjour en Irlande (pour moi, en tous cas) n'aura fait que confirmer qu'il s'agit bien de l'un des plus beaux pays du monde, avec énormément de choses à voir dans de nombreux domaines : nature sauvage, vieilles pierres, histoire... Mais deux semaines ne suffisant évidemment pas (il nous manque par exemple tout le Donegal, les îles et la région du sud-ouest), il faudra forcément revenir !

dimanche 27 juillet 2014

Irlande, jour 13 - Vallée de la Boyne

Quand Murphy décide de faire des siennes, il ne les fait pas à moitié ! Le voyage s'est plus que bien passé jusqu'ici, mais ce matin, c'est une série de gros ratés qui s'abat sur nous. Le trajet jusqu'à la vallée de la Boyne est notamment marqué par une collision avec un panneau de signalisation routière. Résultat : un beau trou dans la carrosserie et une porte passager avant qui proteste méchamment quand on l'ouvre. Heureusement que le loueur a insisté au début du séjour pour que nous prenions une assurance ! Le GPS, qui n'arrive pas à tenir le rythme des constructions d'autoroutes dans le pays, décide ensuite de nous perdre entre les comtés de Meath et de Louth, rallongeant ainsi un trajet déjà bien long. La course cycliste qui nous empêche d'avancer à plus de 15 km/h en rajoute une couche. Et un peu plus tard dans la journée, c'est au tour de mes lunettes de soleil quasi-neuves de rendre l'âme. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas !

Malgré tous ces défis sur notre route, nous arrivons aux alentours de midi à Brú na Bóinne (avec les accents qui vont bien), ou vallée de la Boyne dans une langue que tout le monde peut prononcer. Cet ensemble archéologique, le plus grand d'Europe, est plus vieux que les pyramides d'Égypte et rassemble à lui tout seul plus de la moitié de tout l'art mégalithique de la vieille Europe. Paris a le Louvre, les hommes préhistoriques avaient la vallée de la Boyne ! Le site compte deux tumulus particulièrement importants, Newgrange et Knowth. La plupart des visiteurs se contentent de visiter Newgrange, mais il serait dommage d'avoir bravé les cyclistes et les panneaux de signalisation en kevlar pour repartir sans avoir vu les deux.

Knowth

L'accès aux tumulus se fait en navette, et c'est à Knowth que nous sommes déposés en premier. Si Brú na Bóinne est le Louvre des hommes préhistoriques, alors Knowth est la salle de la Joconde. Alors certes, les spirales et les serpentins que l'on découvre sur les 200 pierres gravées ne sont pas vraiment dignes de Vinci ou de Botticelli, mais ces cailloux décorés avec les moyens du bord sont étrangement émouvants. En prime, notre guide fait vivre le site avec beaucoup d'enthousiasme, et on a l'impression que les responsables de ces œuvres d'art ont posé leurs outils la veille.



Newgrange, à un petit kilomètre de là en navette, est très différent. Pour commencer, le tumulus, immense, n'a pas été fouillé par la même équipe d'archéologues, et les pierres blanches laissées à terre à Knowth ont été ici montées sous forme de mur. Impossible de savoir qui a raison, bien sûr. À l'exception de la spectaculaire pierre à l'entrée, l'art se fait aussi plus rare à Newgrange. Le véritable intérêt du site est la visite du tumulus, accessible par un tunnel très étroit et très bas de plafond. À l'intérieur (photos interdites...), on ne peut qu'imaginer l'effet provoqué par le lever du soleil le matin du solstice d'hiver. Car en plus d'être des artistes, nos ancêtres du Néolithique étaient d'excellents astronomes, qui ont construit leurs tombes de façon à aligner les entrées sur le soleil d'équinoxe ou du solstice. Ça rend modeste.

Newgrange (oui, nous avons pris la pluie)

Les visites filent vraiment très vite, et l'après-midi est bien avancé lorsque nous quittons le visitors' centre pour faire un saut dans le temps et nous rendre au cimetière de Monasterboice. Un autre genre de pierres sculptées nous y attend : il s'agit ici de trois croix, qui accumulent à elles seules tous les superlatifs. La plus élaborée du pays est la croix de Muiredach, sublime avec ses scènes des Évangiles et ses entrelacs celtiques. La plus grande, à proximité de la tour ronde, dépasse très nettement des autres croix du cimetière. Et la plus ancienne, isolée dans son coin, a subi les outrages du temps au point de ne plus porter à son sommet qu'un Jésus en croix. La croix celte a tout de même plus de classe qu'une simple pierre tombale, et on aimerait pouvoir commander son propre exemplaire !

La croix de Muiredach au premier plan

Dernière étape du jour, toujours dans la catégorie vieilles pierres : l'abbaye cistercienne de Mellifont. Parenthèse étymologique totalement inutile mais ô combien poétique : Mellifont vient du latin "fons mellis", qui signifie "fontaine de miel". Bon, à défaut de vraie fontaine de miel dans les parages, on vient surtout pour voir... le lavabo. À l'époque comme aujourd'hui, on allait se laver les mains avant de manger, et certaines abbayes trouvaient le rituel tellement important qu'elles faisaient construire des lavabos séparés des autres bâtiments et plus grands que mon salon. Pour le reste, pas grand-chose à voir, les ruines de l'abbaye étant vraiment minimalistes.

Le fameux lavabo

Parce que la pluie est venue jouer les trouble-fêtes et parce que nous approchons de l'heure où tous les sites touristiques ferment leurs portes, nous reprenons la route pour boucler la boucle et retourner à Dublin. Les logements étudiants de l'université sont infiniment moins chics que ceux de Sligo, mais on ne peut pas tout avoir !

Quelques photos sous la pluie.

samedi 26 juillet 2014

Irlande, jour 12 - Sligo

Programme chargé aujourd'hui, et parmi tous les sites intéressants autour de Sligo, Benjamin a la bonne idée de nous conduire en priorité à Parke's Castle, sur les bords du lough Gill : non seulement la visite se passe en grande partie en intérieur, ce qui nous met à l'abri du petit crachin qui tombe depuis ce matin, mais elle commence également par un film de 20 minutes (en français) sur l'histoire de la région. Nous avons ainsi droit à un très bon résumé de ce que nous allons découvrir dans la journée.

Parke's Castle, c'est un bon gros manoir fortifié qui, il y a quelques années encore, tombait en ruines. Ce sont les artisans du village d'à côté qui l'ont entièrement reconstruit, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont fait un sacré bon boulot. A l'intérieur, on peut seulement regretter de ne pas avoir le même genre de décor qu'à Bunratty : les meubles sculptés, les tentures et les trophées de chasse auraient été un peu plus intéressants que l'exposition sur les styles de construction vernaculaires... Mais on se console avec le décor digne d'un guide touristique, rendu encore plus beau par la pluie.



De retour à Sligo, nous nous arrêtons à l'abbaye du 13è siècle pour quelques ruines supplémentaires. Sa cloche, rescapée d'un incendie, serait immergée dans le lough Gill et seuls les êtres purs et parfaits pourraient l'entendre sonner. Personne dans le groupe ne l'a entendue pendant la nuit ; déduisez-en ce que vous voulez... C'est également ici (dans l'abbaye, pas dans le lac !) qu'on trouve le dernier autel sculpté d'Irlande, dixit le film de Parke's Castle. La quantité de sculptures intéressantes est d'ailleurs assez impressionnante, car en plus de l'autel, on découvre des blasons, des pierres tombales et une représentation du seigneur de Sligo. Ce ne sont pas les plus grandes ruines que nous ayons vues jusqu'ici, mais elles comptent parmi les plus jolies.



Le temps de nous rendre à Carrowmore, et le soleil a fait son grand retour. Tant mieux, car ici, tout est en extérieur ! Il s'agit en fait de la plus grande concentration de tombes mégalithiques (ou cairns, ou tumulus, appelez ça comme vous voulez) d'Europe. Au 19è siècle, lorsqu'elles ont été découvertes, on en comptait plus de 60, mais les fermiers des environs ne se sont pas gênés pour aller y récupérer des pierres. Aujourd'hui, on n'en voit plus qu'une trentaine, et une bonne partie se trouve en pleins champs. Pas besoin de partir à l'aventure, cela dit, car la partie visitable est plus que suffisante pour se faire une idée. Le grand tas de pierre et les tombes plus petites qui l'entourent sont un peu intimidants : on avance à pas feutrés avec l'impression de déranger les locataires, installés là pour certains depuis 6 000 ans. Ça calme... Il paraît que les archéologues ont trouvé jusqu'à 32 kg d'os calcinés sous un seul amas de terre et de cailloux. Ça re-calme...



Si la partie sud du site est très digne avec son grand cairn, la partie nord est un peu plus rigolote : il y a en effet un élevage de chevaux juste à côté, et on s'amuse à compter les lapins qui trottinent un peu partout. Sans parler des traces laissées par les vaches qui ont manifestement le droit de paître au milieu des tombes !



Pour continuer dans la thématique "tombes vieilles de plusieurs milliers d'années", nous allons rendre visite à la reine Maeve. En voilà une qui devait être sacrément badass, car la légende veut qu'elle ait été enterrée debout, face à ses ennemis. Et quand on est une reine badass, on ne se fait pas enterrer dans la plaine, mais au sommet de Knocknarea Mountain ; comme ça, les touristes qui veulent passer dire bonjour doivent se coltiner 45 minutes de grimpette dans des cailloux plus que traîtres qui leur font risquer l'entorse tous les deux pas. Mais on ne regrette pas l'effort, car on peut profiter d'un panorama absolument sublime sur la campagne environnante. Il y a le bleu de la mer, les différentes nuances de vert qui font la beauté de l'Irlande, le violet de la bruyère, et c'est tout simplement beau. Un paysage pareil valait bien 1h30 à mettre l'intégrité de nos chevilles en danger (oui, parce que la descente est aussi longue et presque pire que la montée).



Allez, pour que notre exploration des vieux cailloux soit complète, nous faisons un arrêt éclair à Creevykeel, l'une des plus vieilles tombes néolithiques du pays. Ici, c'est une véritable construction en pierres qu'on découvre, avec une entrée très large et un dolmen en guise de portail. Un peu comme à Carrowmore, on ne sait pas grand-chose de ce cairn, hormis son âge (quelques millénaires) et sa fonction de base (dépôt de cendres et os humains). Mais vu sa configuration, il s'agissait sans doute également d'un temple. Quand on parle du néolithique, il n'y a plus personne à qui demander des précisions et le conditionnel est donc de rigueur...



Pour conclure la journée, et malgré la pluie qui menace à nouveau, nous faisons un détour par Glencar Lake et sa cascade. Après une très courte marche (la randonnée, ça suffit pour aujourd'hui !), nous découvrons une jolie cascade en forme de rideau qui se jette dans un petit bassin. Et autour, toujours ce vert étincelant avec les nuages gris en arrière-plan, qui donnent l'impression d'avoir plongé tête la première dans une carte postale.



Parce qu'il serait vraiment dommage de se priver d'un hébergement pareil, ce soir, nous retournons sur le campus de l'université St Angela. On va vraiment finir par signer pour y passer une année complète !

Les photos du jour.

vendredi 25 juillet 2014

Irlande, jour 11 - Cong/Castlebar

La journée commence en beauté, sous le soleil et avec un petit-déjeuner épique préparé par Christina. Proposer des fraises et des bleuets est le meilleur moyen de voir Benjamin dévaliser le buffet !

Au programme de ce matin : visite de Cong. Le village est minuscule et ne figurerait même pas sur la carte si Hollywod ne l'avait pas immortalisé sous le nom d'Inisfree dans le film de John Ford L'homme tranquille, avec John Wayne. Un film tellement culte que le village attire aujourd'hui des cars de Japonais et que le nom de tous les commerces y fait référence. Et pour ceux qui auraient pu passer à côté, il y a même une statue de John Wayne et Maureen O'Hara devant l'office du tourisme :




Notre groupe ne comptant pas de groupies (même si ceux qui ont vu le film l'ont apprécié), nous n'avons pas prévu de visite guidée des lieux du tournage, mais simplement de l'abbaye fondée au 7è siècle, dont les ruines se dressent à côté d'une nouvelle église aux airs de blockhaus de la Seconde Guerre mondiale. Parce que le temps s'y prête, nous optons pour une petite promenade dans le parc autour de l'abbaye... qui se transforme vite en parcours du combattant, car la pluie d'hier a laissé de belles flaques de boue au milieu du chemin. Mais la balade nous aura permis de découvrir une petite tour perdue au milieu des arbres et de monter à son sommet. Cela dit, difficile de profiter du panorama quand la tour ne dépasse pas de la cime des arbres !



L'objectif suivant était de visiter le château d'Ashford, qui servit de décor non seulement pour L'homme tranquille, mais aussi pour Un taxi mauve. Malheureusement, l'accès au parc est payant en été et nous avons dépensé nos derniers euros pour payer le B&B. Et bien évidemment, un village de la taille de Cong ne possède pas de distributeur, aussi touristique soit-il ! Il faudra donc nous contenter de passer devant le château pour rejoindre le site suivant.

Le site en question est Ross Errilly, l'abbaye franciscaine la mieux préservée d'Irlande. Il faut dire qu'elle n'a été abandonnée qu'au 18è siècle, les moines ayant toujours reconstruit après les différents passages des armées de Cromwell. Aujourd'hui, ce ne sont plus que des ruines au bout d'un chemin de terre, perdues entre un champ qui accueille des vaches et un autre avec des moutons. En fait, le cadre vaut autant que l'abbaye elle-même, car notre visite se fait au son des meuglements et des bêlements !



Après le traditionnel passage au supermarché pour le pique-nique, nous nous rendons dans la petite ville de Castlebar. C'est ici qu'un général français remporta une victoire sur les Anglais en 1798, mais il n'y a apparemment que les Irlandais pour s'en souvenir. De nos jours, Castlebar, c'est surtout le Museum of Country Life (musée de la vie rurale), qui fait partie du Musée national d'Irlande et qui présente la vie dans les campagnes de la Grande Famine aux années 50. Et dans certains coins du pays (les îles d'Aran, pour ne pas les citer), la seule différence entre les années 50 et le Moyen-Age, c'est l'existence de photos... On découvre au fil des étages comment vivaient les Irlandais des campagnes d'il y a un siècle (réponse : à peu près comment leurs homologues français, guerre civile en plus), grâce à des reconstitutions, des objets d'époque, des témoignages et des panneaux d'informations extrêmement intéressants. Au dernier niveau est présentée une exposition temporaire sur l'évolution de la police irlandaise. Les garçons ont la possibilité de prendre des photos idiotes et ne s'en privent pas !



Sur ce, il est temps de partir pour notre avant-dernière étape, la ville de Sligo. Nous logeons à nouveau dans une résidence étudiante, et à notre arrivée, nous sommes sidérés par le luxe de l'endroit : notre appartements compte trois chambres avec salles de bains individuelles plus grandes qu'à l'hôtel, un coin/salon cuisine, et surtout, une vue sublime sur le lough Gill. De quoi donner envie à tout le monde de reprendre les études, là tout de suite ! Les photos s'imposent, car sans ça, on ne nous croirait pas !

L'homme et la journée tranquilles.

jeudi 24 juillet 2014

Irlande, jour 10 - Le Connemara

Allez, rien de tel qu'une petite chanson pour bien commencer cette entrée. Comme ça, vous l'aurez dans la tête pendant toute la lecture, un peu comme maman et moi aujourd'hui. Ne me remerciez pas, c'est cadeau :



Comme le laisse entendre cette introduction subtile, nous attaquons ce matin un autre gros morceau du séjour. Ce n'est pas pour rien que la chanson s'intitule "Les Lacs du Connemara" : il y a presque plus d'eau que de terre dans la région ! Le simple fait de rouler sur ces petites routes sinueuses est une aventure sublime. C'est d'ailleurs aussi l'occasion de se rassurer : oui, il y a bien des moutons en Irlande. Jusqu'à présent, nous avons surtout vu passer des vaches, ce qui est assez traumatisant pour le touriste qui se raccroche à ses clichés.

Notre premier arrêt se fait à Kylemore, un immense château victorien entouré de lacs. Construit à l'origine par un riche marchand incapable de refuser quoi que ce soit à sa femme, il a été reconverti en abbaye au début du 20è siècle. C'est aujourd'hui la maison d'une douzaine de bénédictines, qui ont tenu un pensionnat de jeunes filles jusqu'en 2010 et qui s'adonnent aujourd'hui à la confection de chocolat. Autant vous dire qu'il a fallu traîner Marie-Noëlle jusqu'au parking pour s'assurer qu'elle ne restait pas sur place !



Malheureusement, seules quelques pièces du château sont visitables, mais le reste du site vaut largement le déplacement. La balade le long du lac jusqu'à la mini-cathédrale néogothique est très agréable, d'autant qu'il fait nettement moins chaud qu'hier. Là encore, les loutres annoncées jouent les divas, au grand dam des garçons.

A l'autre bout du parc (plus d'un kilomètre de marche, quand même) nous attend le jardin victorien, avec ses fleurs plantée au cordeau et ses jardiniers qui ratissent l'herbe tondue tombée des bordures (un gars pour tondre la pelouse, un pour ratisser et un pour remettre les cailloux en place... On ne s'étonne pas que l'abbaye soit l'un des principaux employeurs du Connemara !). Plus intéressant encore, nous avons l'occasion de visiter la maison du jardinier en chef, véritable résidence de luxe pour l'époque. Quand on pense que les six jardiniers s'entassaient dans une toute petite pièce dans la cabane d'à côté, on se dit qu'il valait la peine de monter en grade !



Evidemment, qui dit "chocolat" dit aussi "visite de la boutique", car il n'est pas question de partir sans avoir testé le travail des religieuses. Verdict : les brownies triples chocolat donnent envie de se faire bénédictine. Une reconversion à envisager pour la retraite...

Une fois le contrôle qualité réalisé, nous rejoignons le parc national du Connemera, à quelques kilomètres de l'abbaye. Pour admirer les superbes paysages de la région, rien ne vaut une petite randonnée. Très motivés, ou complètement inconscients (ou les deux), nous optons pour le chemin qui grimpe jusqu'au sommet de Diamond Hill. 400 et quelques mètres de dénivelé, pour une boucle de 6,7 km, tout de même. Mais ce n'est pas ça qui va nous arrêter, pas plus que les nuages vraiment très bas qui commencent à recouvrir tout le parc.



Le Routard nous annonce une ascension "assez facile", mais nous ne devons pas avoir la même échelle de difficulté ! Il faut tout de même s'aider des mains sur certains passages et les grandes marches ne sont pas de tout repos. Le paysage doit être magnifique, mais malheureusement, nous nous enfonçons de plus en plus dans la brume et les photos deviennent impossibles car il n'y a plus rien à voir ! La visibilité est même tellement réduite que nous nous faisons avoir une première fois, en croyant avoir atteint le sommet alors que nous sommes à peine à mi-parcours ! Impossible de savoir à quelle distance du sommet nous nous trouvons, car on n'y voit pas à plus de cinq mètres.



Et lorsque nous parvenons enfin au sommet, à bout de souffle et en nage, les dieux nous félicitent en ouvrant les vannes ! La descente s'effectue sous une pluie battante et continue qui rend le chemin glissant et vous fait regretter d'avoir enfilé un jean ce matin. Et le pire, c'est que personne ne se plaint ! Au contraire, cette première vraie pluie du séjour (jusqu'ici, il n'a plu que la nuit, avec à peine un petit crachin en journée) arrive exactement dans la région qu'il faut pour ajouter au folklore. Le soleil dans le Connemara aurait presque été inacceptable !



C'est trempés jusqu'aux sous-vêtements que nous rejoignons finalement la voiture, frigorifiés mais contents. Il ne nous reste plus à présent qu'à rejoindre notre étape pour la nuit, Cong. Les routes sont tout aussi minuscules et encombrées de moutons qu'à l'aller, mais cette fois, pour conclure la journée en beauté, les panneaux de circulation sont écrits exclusivement en gaélique ! Heureusement que le nom gaélique de Cong n'est pas loin de la version anglicisée... Ce soir, nous logeons dans le B&B de Patrick et Christina, un couple adorable et très, très bavard. Après toute cette eau, un accueil pareil, ça réchauffe !

Teeeeeerre brûlééééée aux veeeeents...

mercredi 23 juillet 2014

Irlande, jour 9 - Galway (enfin presque)

Après la journée plus que fatigante d'hier, les deux visites d'aujourd'hui font un peu pâle figure ! Galway elle-même n'offrant pas grand-chose à visiter, nous profitons de notre voiture pour nous rendre à Clonmacnoise. Il s'agissait autrefois (avant l'arrivée des Vikings, donc) d'un des principaux sites religieux d'Irlande et d'un lieu de pèlerinage. Aujourd'hui, on vient surtout admirer quelques superbes croix celtes, dont les originaux sont mises au frais dans un petit musée très instructif. Les croix que l'on retrouve en plein champ sont des copies très convaincantes.

La Croix des Ecritures au premier plan


La plus belle est appelée "Croix des Écritures" pour une bonne raison : tous les côtés sont gravés de scènes des Évangiles, façon BD avant la lettre. Les autres sont un peu moins spectaculaires (certaines ont même perdu leur tête), mais le site a une sacrée allure, au milieu des vieilles pierres tombales et des champs de rien. Pour compléter la visite, nous poussons la balade un peu plus loin, sous un soleil franchement assassin, pour découvrir le porche roman de l'église des religieuses, perdue au milieu d'un champ grillagé.



Après nous être arrêtés dans le village le plus proche pour le déjeuner, nous décidons de changer un peu notre programme, qui prévoyait la visite du musée de Cork, pour nous rendre à l'église romane de Clonfert. C'est là que commencent les problèmes, mais nous aurions pu nous en douter : dans un pays où tous les sites d'intérêt sont très mal signalés, il devient carrément épique de trouver un site que le Routard avertit être mal signalé. Résultat, nous tournons dans la campagne irlandaise pendant plus d'une heure. C'est magnifique, impossible de le nier, mais au bout d'un moment, cela finit surtout par être frustrant...

Des kilomètres et plusieurs demandes de direction plus loin, nous finissons par trouver. Bon, en toute honnêteté, il aurait été dommage de manquer l'endroit : l'église de Clonfert est surtout connue pour son portail roman, le plus beau d'Irlande. C'est un véritable travail d'orfèvre, qu'on touche avec les yeux car il n'a plus d'âge et s'effrite très facilement. L'intérieur, bien que tout petit, n'est pas mal non plus : l'orgue est superbe et les sculptures de la chaire sont de toute beauté. Accessoirement, c'est dans le cimetière qu'est enterré Saint Brendan en personne. Comme quoi, on peut trouver du beau monde au milieu de nulle part !



Une bonne heure de route supplémentaire nous ramène à Galway, où nous allons d'abord découvrir le chez-soi de Pierre avant d'aller faire quelques courses dans le centre-ville. Cette courte séance de shopping nous permet de découvrir un quartier latin particulièrement joli et très animé : les pubs sont déjà bondés et il est à peine 17h ! Et en parlant de beau monde, nous tombons par hasard sur Oscar Wilde, qui attend patiemment sur un banc que les touristes cultivés viennent lui faire la causette.

C'est tout pour aujourd'hui, mais nous avons bien mérité quelques journées moins chargées !

Une toute petite journée pour compenser celle d'hier.

mardi 22 juillet 2014

Irlande, jour 8 - Limerick/Falaises de Moher

Encore une journée bien remplie en perspective ! Nous commençons notre découverte de Limerick (troisième ville de République d'Irlande après Dublin et Cork) par le château du Roi Jean. Oui, celui de Robin des Bois, oui. Bon, le bonhomme n'a jamais mis les pieds dans le château, mais il était à l'époque de la construction (13è siècle) intendant des Anglais en Irlande. Ceci explique donc cela.



Comme à Waterford, nous avons droit au fameux audio-guide automatique, mais il fonctionne beaucoup mieux ici. La muséographie du château est fascinante et on pourrait passer une bonne journée à tout explorer. L'histoire de la ville est retracée depuis les Vikings jusqu'au 17è siècle par des panneaux interactifs, des films, des jeux, des acteurs qui se mettant dans la peau de personnages de l'époque pour raconter leur quotidien... Dans la partie consacrée aux deux sièges de Limerick, en 1651 et 1691, les garçons ont même la possibilité de tirer au canon sur des mini-remparts ! Dans la cour, ce sont de vraies gens en costumes qui nous accueillent dans la forge ou sous des abris de fortune pour nous parler de "leur vie" pendant les différents sièges. Un musée vraiment bien fait ; on aurait aimé avoir plus de temps pour tout explorer !



Notre prochaine étape, le château de Bunratty, se situe à 15 km de Limerick. Beaucoup de châteaux dans la journée, me direz-vous ; oui, mais celui-là n'a pas grand-chose à voir avec ceux que nous avons déjà visités ! Plus de la moitié du site est consacrée à la reconstitution d'un village irlandais du 19è siècle, avec ses fermes, ses moulins à eau, son église et ses maisons bourgeoises. Il y a même des animaux un peu partout pour faire plus vrai (cochons, ânes, cerfs et poules marchent aussi bien sur les petits que sur les grands) ! Les visiteurs sont invités à entrer dans chaque bâtiment pour découvrir la vie de l'époque, y compris dans la reproduction de la maison qui vit naître la plus célèbre marque de glace irlandaise ! La grande rue du village ne comporte quant à elle que des boutiques, mais la reconstitution est là aussi très réussie.

Mon nouveau bureau, dans Bunratty House

Le château du 15è siècle lui-même est incroyablement restaurée et abrite ni plus ni moins que l'une des plus grandes collections de meubles de cette époque. Que ce soit dans la grande salle des banquets (utilisée tous les soirs pour des banquets médiévaux, justement), dans la chambre du comte ou dans les pièces à vivre, tout respire l'authentique. Y compris dans les escaliers extrêmement étroits qui mènent au sommet des tours et où il est totalement impossible de se croiser... La grimpette est difficile, d'autant qu'il fait très, très chaud (il y a longtemps que je n'avais pas parlé de la météo), mais la vue sur le comté de Clare au sommet vaut bien cet effort.



Bunratty est également le lieu de production de l'hydromel local, appelé "mead", dont Pierre souhaite faire des stocks. Nous nous arrêtons donc brièvement chez le producteur, un peu plus loin, pour déguster un fond de verre et dépenser un peu plus de sous.

L'après-midi est déjà bien avancé quand nous prenons la route de l'abbaye d'Ennis, à l'état de ruines, encore une fois. Autrefois particulièrement renommée (350 moines, 600 élèves), elle n'offre plus grand-chose à voir aujourd'hui, si ce n'est des pierres tombales et des sculptures d'un beau St François et d'un Ecce Homo un peu flippant...




Comme si la journée n'avait pas été suffisamment chargée, nous y rajoutons un des plus gros morceaux du séjour : les falaises de Moher. Vous voyez Etretat ? C'est à peu près la même chose, mais en noir, en plus grand et en plus beau (et avec un accès hors de prix). A notre arrivée, le temps est magnifique et nous permet d'apercevoir les îles Aran. Au fur et à mesure, cependant, les nuages descendent très bas et les falaises finissent par disparaître. On ne peut pas demander mieux dans un paysage pareil ! La vue est à couper le souffle et on est ravis de pouvoir découvrir le site au plus près, sans avoir à marcher derrière le petit muret destiné aux jours de grand vent. Seule déception : pas de macareux à l'horizon, alors qu'une petite île dans les environs est censée porter leur nom...




Et la journée n'est pas finie, car il nous reste pas mal de route pour rejoindre notre logement à Galway, un appartement de trois chambres sur le campus de l'université. Pour nous y rendre, nous empruntons les petites routes sinueuses du Burren, un coin totalement désertique où ce qui pousse le mieux sont les cailloux. Une région totalement schizophrène : à gauche, des champs et des monstro-plantes, et à droite, des collines pelées aux sommets sans une touffe d'herbe. Irlande, terre de contrastes !

Craquage total !

lundi 21 juillet 2014

Irlande, jour 7 - Killarney

Et nous voici à présent dans le comté de Kerry. Nous n'avons malheureusement pas le temps de parcourir le fameux "anneau du Kerry", un circuit de 170 km qui permet de découvrir les plus beaux points de vue du comté, mais nous avons fait une petite sélection de sites intéressants autour de Killarney. Sachant qu'il y a quelque chose à voir tous les 20 m sur cette route, la sélection est vraiment petite...

Nous avions l'intention de débuter notre itinéraire par le château de Ross, mais la signalétique routière étant ce qu'elle est, nous tombons d'abord sur le parc national de Killarney. Rien de grave, le château est simplement remis à plus tard dans la journée. Lorsque nous entrons dans le parc pour découvrir le premier de ses trois lacs, nous ne le savons pas encore, mais nous sommes partis pour trois heures de marche !

Toutes les photos d'aujourd'hui ont cette lumière bizarre...


Le chemin nous mène d'abord à Muckross Abbey, une abbaye du 15è siècle brûlée, comme à peu près la moitié des églises d'Irlande, par les troupes de Cromwell au 17è. Du coup, il n'en reste là encore que des ruines, certes charmantes, mais ce ne sont pas les plus jolies (ou les plus grandes) que nous ayons vues jusqu'ici, malgré le grand if qui pousse en plein milieu du cloître. Environ 1,5 km de marche en forêt plus loin, nous arrivons à Muckross House, demeure noble du 19è bâtie au bord du lac. La visite de la maison elle-même ne nous tente pas, mais les jardins, c'est une autre histoire ! Il paraît que l'endroit bénéficie d'un micro-climat, ce qui permet de faire pousser des rhododendrons, des arbousiers et même des cailloux (le jardin de rocaille est un bonheur pour les grands garçons qui aiment se prendre pour des chèvres).




Et c'est reparti pour 2 km de crapahutage ! Au bout du chemin nous attend la cascade de Torc, 18 m de haut (les Islandais n'ont même pas de mot pour un truc aussi petit). Il y a malheureusement beaucoup de monde sur place et les grappes de touristes ont une fâcheuse tendance à stagner juste devant la cascade. Mais on peut compter sur Benjamin pour sauter d'un rocher à l'autre et nous faire de belles photos.



Pour le retour, pas question de faire le chemin inverse avec nos pieds. Nous optons donc pour l'attraction locale : la calèche. Au grand bonheur des garçons, c'est d'ailleurs la seule conductrice de calèche de tout le parc national de Killarney qui nous ramène à notre point de départ, 5 km plus haut. La balade secoue un peu, mais c'est tout de même beaucoup plus agréable qu'à pied !

Notre fidèle voiture nous emmène ensuite à Lady's View, un point de vue assez grandiose sur les lacs, par de petites routes de montagne qui serpentent rude. Après avoir déjeuné au café du site (et dépensé pas mal de sous dans la boutique), nous découvrons ce paysage qui enthousiasma même la reine Victoria en son temps. Il faut dire que c'est tout bonnement magnifique, avec des points bonus pour le côté dramatique. Les collines autour ne plongent pas à pic vers les lacs, comme à Luggala Lake, mais l'ambiance "Petit Pied et la vallée des merveilles" frappe malgré tout.



Retour dans la vallée, où nous avons cette fois bien l'intention de trouver le château de Ross. C'est un véritable jeu de piste autour de Killarney, mais nous finissons par trouver l'endroit (après environ 36 pauses photos sur la route pour admirer les lacs sous toutes les coutures et se dire que vraiment, l'Irlande, c'est beau). Malheureusement, ce gros donjon du 15è siècle est pris d'assaut par les touristes et la prochaine visite guidée disponible commence une heure plus tard. Nous préférons ne pas rester et nous contenter d'un tour rapide à l'extérieur, le temps de lire le guide et d'apprendre que Ross fut le site d'un des pires gags de l'Histoire : à sa construction, une prophétie prédit que le château ne pourrait être pris que depuis le lac. Les troupes de Cromwell n'ayant pas réussi à s'en emparer par la terre, une attaque fut lancée en bateau. La garnison du château rendit les armes sans combattre car la prophétie était en train de se réaliser. Forcément, vu comme ça...



Dernière étape du jour, les Heights of Aghadoe, un autre point de vue sur le lough Leane ("lough" étant l'équivalent écossais de "loch"), d'où on aperçoit même la grosse tour carrée de Ross. Un bon moyen de boucler la boucle, même si notre circuit d'aujourd'hui ne nous a permis de découvrir qu'une toute petite partie des merveilles de l'anneau du Kerry.



Ce soir, nous changeons à nouveau de comté pour nous rendre dans le Limerick. La ville du même nom sera notre étape pour la nuit.

Notre Ring of Kerry à nous.

dimanche 20 juillet 2014

Irlande, jour 6 - Cork

Personne n'ayant été très sage ces derniers temps (on tourne au cidre à tous les repas depuis le début du séjour, le blog a du retard, on dépasse les limitations de vitesses...), ce matin, c'est détour par la case prison ! Ouverte en 1823 et définitivement fermée un siècle après, la prison de Cork serait presque jolie sans tous ces barreaux aux fenêtres... Bon, dedans, la vie était beaucoup moins jolie, et c'est ce que nous explique la muséographie à base de mannequins reproduisant les conditions d'emprisonnement de l'époque.



La vie dans une prison irlandaise du 19è siècle est à peu près aussi riante qu'on peut l'imaginer : les cellules faisaient 2 mètres sur 3, les prisonniers devaient déposer leurs vêtements devant la porte tous les soirs pour les dissuader de s'échapper, les châtiments corporels faisaient passer le temps, on triait l'étoupe jusqu'à avoir les doigts en sang (quand on ne cassait pas des cailloux) et le régime alimentaire se composait de pain et de lait ou de soupe à tous les repas. Pour juger par nous-mêmes des conditions, nous sommes invités à entrer dans une cellule et à fermer la porte. On y est un peu à l'étroit, mais ce n'est pas beaucoup plus petit qu'une chambre d'étudiant aujourd'hui ! Les explications sont très intéressantes (dans le genre pas joyeux), et on ressort bien content d'être du bon côté de la loi au 21è siècle.



Pour nous faire pardonner toutes nos bêtises de la semaine passée, rien de tel qu'une petite dose de religion. Ça tombe bien, il est 11 heures en ce dimanche matin et les cloches de la cathédrale Saint Finbarre nous appellent pour la messe. Tandis que les paroissiens arrivent en courant, nous faisons le tour de ce magnifique édifice de style gothique (construit au 19è siècle...) pour le découvrir sous toutes les coutures. Il faut dire qu'il y a de quoi faire : la façade comporte un nombre impressionnant de sculptures superbes, les rosaces se comptent par dizaines et nous avons même la surprise de découvrir un ange doré à l'arrière de la cathédrale. A l'intérieur, la messe étant en cours, nous devons rester au fond et n'avons pas le droit de prendre de photos, mais la décoration est tout aussi riche. Ce n'était peut-être pas le moment idéal pour une visite, mais nous ne regrettons pas d'avoir marqué l'arrêt avant de sortir de la ville.



Hier soir, nous avons pris le temps de réserver sur Internet une visite de la distillerie Jameson de Cork (enfin, de Midleton, à quelques kilomètres de là) pour 13h15. Nous profitons donc du temps que nous avons devant nous pour acheter à manger, nous rendre sur place et pique-niquer au bord d'une petite rivière.

Finalement, manquer la visite de la distillerie Jameson de Dublin n'était pas un mal, car Midleton est l'endroit où la marque produit la moindre goutte de son whiskey. D'accord, la magie a lieu dans une usine ultra-moderne ouverte en 1975, et plus dans les vieux bâtiments en brique que l'on découvre pendant la visite, mais tout de même ! La visite commence par un film de propagande qui nous explique que l'art de la distillation du whiskey est bien irlandais, que les Écossais ont tout pompé et qu'ils font les choses n'importe comment (déjà, ils écrivent "whisky", et en plus ils fument leur orge à la tourbe), et que John Jameson, le fondateur de la marque, est le plus grand entrepreneur que la Terre ait jamais porté. Je résume, mais très honnêtement, c'est l'idée...



Plus sérieusement, nous suivons ensuite la guide pendant près d'une heure dans les anciens bâtiments de la distillerie, des entrepôts de stockage de l'orge à la salle contenant le plus grand alambic du monde (144 000 litres, quand même). Nous devenons rapidement incollables sur les principes de triple distillation (les Écossais ne distillent que deux fois, ces béotiens) et de vieillissement du whiskey dans des cuves ayant servi à d'autres alcools. Il faut dire que nous avions de beaux restes de la distillerie Bushmills, en Irlande du Nord... Mais une visite de distillerie ne serait pas complète sans une petite dégustation à la fin ! Les garçons optent pour du Jameson pur, et les filles, pour le cocktail de la maison : Jameson/bière de gingembre/citron vert. Ça descend tellement facilement qu'on en oublierait presque qu'il y a de l'alcool dans le verre !



Pour conclure la journée en beauté, nous nous rendons au château de Blarney, vieille madeleine de mes séjours linguistiques à Cork. Mais étrangement, on ne visite pas la même chose avec un groupe d'adolescents et avec un Benjamin aux manœuvres ! Ma troisième escapade à Blarney sera donc beaucoup plus axée sur le parc que sur le donjon du 15è siècle. Car il n'y a que l'embarras du choix : dans le jardin clos, la pinède et l'ancien cercle druidique disputent la vedette aux différents sites tels que la cuisine de la sorcière ou le cercle des fées. Très original également, le jardin des poisons : un panneau à l'entrée prévient de ne pas sentir/toucher/manger les plantes sous peine de résultats pas marrants du tout. Ce ne sont pas tous les jardins qui vous présentent de l'aconite, de la mandragore et de la belladone dans le même parterre ! Quant aux jardins des fougères, nous avons l'impression d'être propulsés en plein Jurassic Park...

Le jardin des fougères. Pas de dinosaure en vue...

Le château lui-même est célèbre pour sa pierre, qui donnerait le don de l'éloquence à quiconque l'embrasse. Les touristes font donc la queue pour s'allonger sur le dos, mettre la tête dans le vide et faire un bisou à un caillou qui a vu passer un sacré nombre de bouches. Et ce n'est pas comme si quelqu'un passait de l'alcool à 90° sur ledit caillou entre deux personnes... Bonjour l'hygiène ! Ce sera sans nous, même s'il paraît que ça marche : Winston Churchill et Oliver Hardy sont passés par là en leur temps (comment ces deux-là ont réussi à passer dans un escalier qu'il faut se mettre en crabe pour monter, mystère...). Mais la vue depuis le sommet du donjon reste très belle et il serait dommage de s'en priver, pierre ou pas pierre.



Pour terminer la visite, nous partons pour une petite randonnée jusqu'au lac, où les garçons espèrent apercevoir des loutres. Que la brochure ait un peu exagéré ou que ce soit l'heure de la sieste pour les petites bestioles à fourrure, ils sont malheureusement déçus. Mais la balade en elle-même reste très agréable, d'autant qu'elle nous permet d'apercevoir le manoir, toujours habité, et de tirer des plans immobiliers sur la comète. Avec tout ça, il est déjà 18h30. Nous sommes parmi les derniers visiteurs du site, boutiques et toilettes sont fermées et le parking est presque vide. Un peu irréel mais pas déplaisant !

Et il nous reste encore 1h30 de route pour rejoindre Killarney, notre étape du jour. Ce soir, nous logeons dans un bed & breakfast aux chambres de poupées tenu par une dame charmante. Nous aurons vraiment connu tous les styles d'hébergement en un seul voyage !

Journée bien remplie = beaucoup de photos !

samedi 19 juillet 2014

Irlande, jour 5 - Cashel/Waterford

Nous quittons Kilkenny ce matin pour un premier arrêt à environ 45 minutes de route de là. Le Rocher de Cashel (la brochure dit "la Roche", mais elle est bien la seule) désigne une série de bâtiments religieux en ruines plantés au sommet d'une colline dans le village de Cashel, donc. C'est là que Patrick aurait expliqué le principe de la Trinité aux Irlandais à coups de trèfle et que les rois de Munster siégèrent pendant quelques siècles avant de se faire chasser par les Anglo-Normands. Accessoirement, c'est aussi là que se passe une bonne moitié des enquêtes de sœur Fidelma. Rien à voir avec le fait que j'avais très envie d'y aller, non non...



Il crachote un peu lorsque nous découvrons le site, mais cela n'en rend les ruines et la campagne avoisinantes que plus belles. La chapelle Cormac est malheureusement en rénovation (c'est pour la bonne cause, il faut faire ressortir les peintures murales), mais la tour ronde, la cathédrale, le cimetière et la croix de Saint-Patrick (une copie, l'original est exposé dans la crypte) sont de toute beauté. Un peu comme hier à Jerpoint, on y trouve un bon nombre de sculptures et des croix celtes superbement gravées. Des moutons se sont même installés juste derrière les murs d'enceinte, ce qui rajoute au côté carte postale. La salle de la chorale, quant à elle, propose quelques pièces reconstituées, et la crypte expose des sculptures qu'il vaut mieux ne pas laisser à l'air libre. C'est un sacré morceau d'histoire médiévale qu'on a sous les yeux, et pour la lectrice assidue de Fidelma, il est assez émouvant d'être ici en vrai !



Beaucoup de route aujourd'hui : nous devons ensuite nous rendre à Waterford, célèbre pour sa cristallerie. Sur la route, le temps passe tous les 100 mètres du grand soleil à l'averse, ce qui est à la fois complètement dingue et très amusant. Mais du moment que la pluie ne nous ennuie que dans la voiture, après tout... Après un pique-nique à proximité des ruines du château de Grannagh, nous rejoignons donc la fameuse cristallerie. Un samedi en plein été, l'endroit est très couru par les touristes et la prochaine visite qu'on nous propose doit commencer 45 minutes plus tard. Qu'à cela ne tienne, nous allons commencer par la tour Reginald, qui doit son nom à Ragnall, le Viking qui fonda la ville au 10è siècle. Pour la minute culture, Waterford est d'ailleurs la seule ville d'Irlande à avoir conservé un nom d'origine scandinave.



La tour ne comporte que trois étages à visiter, mais nous avons à peine le temps de regarder la vidéo de présentation avant de devoir retourner à la cristallerie pour ne pas manquer le début de la visite. Les guides nous proposent de revenir avant la fermeture, étant donné que l'Heritage Card achetée ce matin à Cashel nous permet d'y accéder à volonté.

Un peu d'histoire concernant la cristallerie de Waterford : elle fut fondée en 1783 car l'Irlande ne possédait pas de taxe sur les produits de luxe, puis fermée en 1851 quand ladite taxe fut mise en place. La cristallerie n'a rouvert qu'en 1947 et le site de Waterford est surtout célèbre aujourd'hui pour créer les coupes de grands événements sportifs et des commandes spéciales. Bon, elle produit aussi des verres et des saladiers, hein, mais même là, notre portefeuille n'est pas assez garni !

Vous ne voulez pas savoir combien coûte ce truc...

La visite guidée permet de découvrir toute la chaîne de production, de la fabrication des moules en bois à l'étape de la gravure. On a beau avoir déjà vu des artisans verriers au travail, notamment à Murano, il est toujours aussi impressionnant de les voir créer des vases rien qu'en soufflant sur du sable en fusion. De la vraie magie ! Ou peut-être simplement les huit ans de formation nécessaires pour accéder au rang de maître cristallier... Après le soufflage, place au contrôle qualité, puis on passe dans l'atelier des coupeurs. 95 % des pièces sont coupées à la main, et les 5 % restants, trop lourdes pour être manipulées par un seul homme, passent dans des machines avant d'être fignolées par un maître. Le plus impressionnant reste le travail du sculpteur, qui vous dessine des colibris et des scènes religieuses avec des roues abrasives aussi facilement qu'avec un crayon et du papier...

Le maître sculpteur

Pendant la visite, nous avons le droit de soupeser plusieurs pièces pour juger par nous-mêmes de la qualité du travail. Nous n'avions pas besoin de ça, voir les commandes spéciales exposées sur les tables est suffisamment parlant ! D'autant que tenir une de ces pièces est une sacrée responsabilité, car elle peut très facilement vous glisser des doigts et se fracasser par terre... Il paraît que c'est arrivé quelques heures avant notre visite, et que ce n'est pas très grave car chaque pièce est produite en trois ou quatre exemplaires, justement pour parer à ce genre d'éventualité. Par exemple, quand l'Université de l'Alabama fait tomber sa coupe de foot américain deux jours après l'avoir gagnée, on peut toujours la lui renvoyer !



Après un petit tour dans la boutique (notre portefeuille n'est pas assez garni pour faire autre chose que regarder), nous traversons la route pour nous rendre au palais épiscopal, une grande maison du 18è siècle qui servait, comme son nom l'indique, de résidence pour l'évêque. Il arrive que des guides en costume assurent la visite, mais aujourd'hui, nous n'avons le droit qu'à un audio-guide soi-disant "automatique", dont les explications se déclenchent toutes seules lorsqu'on passe d'une pièce à l'autre. La technologie n'étant pas toujours d'une fiabilité extrême, il faut parfois faire deux fois le tour d'une pièce pour que l'audio se lance, mais c'est une méthode originale.



Au premier étage, dit "noble", nous avons droit à la traditionnelle reconstitution d'époque, avec table mise pour 20 personnes, harpe dans un coin du salon de musique et portraits de messieurs emperruqués. Au second, une exposition retrace l'histoire de Waterford à partir du 19è siècle, avec de nombreux objets et photos. On apprend ainsi que la ville connut une période particulièrement sombre appelée "grève du bacon", pendant laquelle fermiers et abattoirs n'arrivaient pas à s'entendre sur le prix du cochon. Notre petit groupe de Bretonnos-Alsaciens n'aurait pas survécu à ce triste événement...

Pour conclure la journée, nous repassons en coup de vent à la tour Reginald (moins de 2 minutes avant la fermeture des portes) pour terminer la visite commencée un peu plus tôt. Le musée étant finalement assez petit (les Vikings ont laissé des traces de leur passage, mais sorti des armes et du matériel de couture, on a vite fait le tour), nous repartons rapidement pour environ 1h30 de route jusqu'à Cork, notre étape pour la nuit.

Presque raisonnables sur les photos...