Dernier jour en terre de Vikings et de macareux. Et qui dit dernier jour dit bien entendu achats, surtout quand on n'a croisé que peu de villes avec de vraies boutiques en une semaine ! Nous décidons donc de consacrer la matinée à une séance shopping au centre commercial de Kringlan, pour ramener les indispensables T-shirts/tasses/calendriers/peluches/chaussons fourrés en laine de mouton islandais. Nous avons d'ailleurs bien cru que nous n'y arriverions jamais, car les gérants du magasin de souvenirs avaient égaré leurs clés et ont ouvert leurs portes avec plus d'une heure de retard...
Après le déjeuner, nous quittons la capitale pour le clou du voyage, la cerise sur le gâteau au skyr : le Lagon Bleu. Un lieu touristique par excellence, mais un séjour en Islande ne serait pas complet sans un après-midi passé dans les eaux laiteuses à 38 °C du lagon ! Le spa a été construit à proximité d'une usine géothermique qui recrache une eau bleu fluo riche en silice et en minéraux. L'endroit n'a donc rien de naturel, mais on ne boudera pas notre plaisir pour autant !
Première surprise en arrivant dans les vestiaires : il n'y a aucun cabine où se changer... Ces Nordiques ont un rapport au corps bien différent du nôtre, et il faut donc se déshabiller au milieu des vestiaires (pas mixtes, tout de même, n'exagérons rien...). Et pour passer à la douche, c'est dans le plus simple appareil ! C'est un peu sidérant au départ, mais puisque tout le monde le fait, le mieux est encore de se fondre dans la masse. C'est en se douchant en maillot que l'on se fait remarquer... Adieux complexes !!!
Le Lagon Bleu est un complexe qui propose bains à 38°, sauna, hammam et cascade massante. On aurait aimé s'offrir les services d'un masseur perso, mais nous ne sommes manifestement par les seuls à avoir eu cette idée et le planning est déjà rempli. Qu'à cela ne tienne, nous profiterons du masque de boue à la silice offert par la maison tout autour du « bassin » ! On se tartine généreusement de ce masque miracle, et on profite de l'eau chaude en dégustant une glace ou en s'allongeant sur les petites plages de sable noir. Il ne fait pas plus de 15 °C dans l'air et le contraste est vraiment vivifiant !
Nous passons trois heures à barboter avant de reprendre le chemin de la douche-tout-nu et de faire quelques achats de masque de boue et d'exfoliant à la boutique du spa. Après cet après-midi de détente, on se sent prêt à repartir pour une semaine d'exploration !
Mais le séjour se termine déjà, et nous décidons de boucler la boucle en allant visiter un site avoisinant, le champ géothermique de Seltun. Ici, pas de boue en ébullition dans les cratères, « seulement » de l'eau. En revanche, les évents de vapeur sont beaucoup plus nombreux qu'à Hverir, et l'odeur, elle, est à peine plus supportable. C'est à se demander comment le troupeau de chevaux du champ d'à côté ne s'est pas déjà enfui en courant ! La vapeur et le soufre produits par l'endroit étaient autrefois exploités commercialement... jusqu'à ce que l'un des évents se bouche et finisse par exploser en 1999, créant un cratère de 30 mètres de large. On n'aurait pas voulu se trouver à côté...
Benjamin ne pouvant voir une colline sans avoir envie d'y grimper, nous laissons Marie-Noëlle et Marie-Alice sur le plancher des vaches et partons investiguer les impressionnantes colonnes de vapeur au sommet de la mini-montagne qui se dresse derrière le champ. Heureusement que le Lagon Bleu nous a requinqués, car la montée est particulièrement abrupte ! Et tout ça pour ne voir que des fissures d'où s'échappe la vapeur... Mais la vue sur le grand lac Kleifarvatn et le petit lac Grævatn depuis le sommet vaut le déplacement. Nous redescendons bien vite, car toute cette vapeur et ces sifflements ne sont pas rassurants !
Après les routes goudronnées de Reykjavik et autour du Lagon Bleu, les pistes gravillonnées nous manquaient trop. Heureusement, pour rattraper cela, il y a la route qui fait le tour du lac Kleifarvatn ! Nous parcourons une dizaine de kilomètres très cahoteux autour de ce lac qui rappelle un peu le Loch Ness par sa couleur gris acier et la taille et les collines qui l'entourent, brinquebalés par notre petite citadine qui maîtrise mal les cailloux et les nids-de-poule. Un retour à la nature sauvage à 50 km de la capitale !
En milieu de soirée, c'est l'heure de retourner à Keflavik pour attraper l'avion de 1h15 (oui, du matin) à destination d'Orly. C'est l'heure également de faire le bilan de cette semaine exceptionnelle dans un pays riche en contrastes, où l'on peut passer dans la même journée du glacier au volcan et du désert de lave aux chutes d'eau. Nous n'avons croisé aucun troll ni aucun elfe, mais les macareux et les moutons compensaient de belle façon. Nous avons réalisé à quel point nous étions insignifiants face à la puissance de la nature et découvert des endroits que l'on peut facilement qualifier de merveilles du monde. Une formidable destination que ce pays à l'état sauvage, où l'on peut parcourir 200 km en voiture sans rencontrer âme qui vive.
Merci à Marie-Alice d'avoir choisi l'Islande pour le « voyage des mamans » !
Dernière galerie photos
jeudi 16 août 2012
mercredi 15 août 2012
Islande, jour 7 - Akureyri-Reykjavik
Journée moins riche en étapes que les précédentes, car il
nous faut regagner Reykjavik d'ici ce soir, et ce n'est pas la porte à
côté !
Nous commençons par la ferme de Glaumbær, un corps de bâtiments
en tourbe au toit recouvert d’herbe, construction typique du pays jusqu’au
début du 20è siècle, quand même. Notre première impression est que les maisonnettes
sont bien petites et que les gens qui vivaient là ne devaient pas être
nombreux. Erreur ! Car à l’intérieur, c’est un véritable labyrinthe de
pièces agencées le long d’un couloir qui n’en finit pas. On découvre ainsi une
quinzaine de salles aux rôles bien définis, dont la cuisine, la chambre d’amis,
la salle de classe et… la pièce principale, où la vingtaine de personnes qui
vivait là mangeait, travaillait et dormait (à deux par lit, parce qu’il faut
bien se réchauffer pendant les longues nuits d’hiver islandaises). Rustique
mais très intéressant.
Derrière la ferme se dresse une adorable petite église
typique de la région, où l’on apprend que dans cette paroisse vécut la toute
première femme à avoir traversé l’Atlantique pour s’installer en Amérique. Elle
y donna naissance au premier enfant de souche européenne sur le sol américain.
Pour information, cela se passait au… 11è siècle. Si les Vikings avaient
transmis leurs carnets de voyages au reste du vieux continent, Christophe
Colomb et Amerigo Vespucci se seraient épargné bien des soucis !
Après une expédition épique pour trouver de quoi nous
restaurer, nous nous arrêtons à Deildartunguhver, la plus grande source chaude
du monde, qui débite 180 litres d’eau par seconde à la modeste température de
96 °C. Le site est noyé dans la vapeur et il est difficile d’apercevoir quoi
que ce soit, mais lorsque le vent souffle dans la bonne direction, on peut en
effet voir l’eau jaillir du sol en bouillonnant. Encore une lubie géologique de
l’île !
Un peu plus loin, à Reykholt (ville que nous pensions être
de quelque importance mais qui tient en fait sur deux rues…), nous allons
rendre hommage à Snorri Sturluson, l’auteur de l’Edda, le poème scaldique le
plus célèbre du pays. C’est parfois un peu aride, mais on n’a pas fait mieux en
matière de mythologie et de héros scandinaves. Snorri ayant été l’une des
figures littéraires et l’un des hommes de pouvoir les plus influents d’Islande
(même si tout cela se passait au 13è siècle), l’individu a droit à sa statue et
à un musée qui lui est entièrement consacré. On découvre également un bain d’eau
chaude dans lequel le poète/chef de clan allait régulièrement faire trempette.
Conservé depuis 800 ans, donc. La preuve que les Islandais sont très attachés à
leur histoire.
Pour finir en beauté, et parce qu’on ne se lasse pas des
créations de Dame Nature, nous nous arrêtons à Hraunfossar, nos énièmes chutes
d’eau du séjour. Mais ces chutes ont ceci de particulier qu’elles sortent d’un
champ de lave pour se jeter directement dans la rivière (« torrent
impétueux » serait plus exact). Le spectacle est une fois de plus
magnifique et, en prime, très original : généralement, l’eau et la lave ne
font pas exactement bon ménage !
Nous arrivons à Reykjavik en fin d’après-midi, et le retour
à la civilisation est un peu brutal. Où est passée à la route à une voie ?
Pourquoi il y a plein d’autres voitures ? Elle est où, la nature ?! L’avantage
des vraies villes (c’est-à-dire les villes avec plus d’une rue et d’une
station-service), c’est que nous n’avons que l’embarras du choix pour dîner. Ce
soir, nous optons donc pour un restaurant qui propose de la cuisine presque du
terroir : pâtes aux langoustines et au homard arrivés directement du port,
quelques rues plus loin. Un vrai régal !
Et toujours les photos !
Et toujours les photos !
mardi 14 août 2012
Islande, jour 6 - Lac Myvatn-Akureyri
Le
lac Myvatn et sa région n'ont pas encore livré tous leurs secrets.
Nous attaquons donc la journée par un arrêt à Goðafoss, les
chutes des dieux, ainsi nommées après que l'Islande a décidé
d'adopter le Christianisme et qu'un chef de clan a poussé le zèle
jusqu'à jeter ses effigies de dieux païens dans la cascade. Thor ne
l'ayant pas foudroyé sur place, on peut penser que lui et le reste
du panthéon nordique voyaient venir le coup depuis un moment... Il
ne s'agit pas de la cascade la plus imposante que nous ayons croisée,
mais le site est tout de même très joli – et puis, peut-on
réellement se lasser d'un spectacle pareil ?
Nous
poursuivons ensuite notre chemin jusqu'à Husavik, capitale
européenne de l'observation des baleines, une charmante petite ville
colorée aux maisons typiquement islandaises, puis le long de la
route 85, seul chemin praticable pour se rendre à Asbyrgi quand on
ne roule pas en 4x4. La route est d'ailleurs de loin préférable aux
pistes caillouteuses qui s'enfoncent dans les terres, car elle longe
la superbe baie d'Husavik, entourée de montagnes aux sommets
enneigés. Depuis que nous sommes arrivés, même le temps passé sur
la route est un spectacle.
Asbyrgi,
c'est un vaste canyon en forme de fer à cheval, aux parois hautes de
plus de 90 mètres. La légende veut qu'il s'agisse d'une empreinte
de sabot laissée par Sleipnir, le cheval à huit pattes que montait
Odin. Il existe aussi une explication scientifique, mais c'est
beaucoup moins intéressant que les cheveux divins. La grimpette au
sommet des parois nous semble légèrement excessive après le
crapahutage d'hier. Aussi, nous nous contentons d'un petit circuit au
fond du canyon, qui permet de découvrir un adorable petit lac peuplé
de canards (qui passent leur temps les fesses en l'air et la tête
dans l'eau) et de prendre un peu de hauteur pour se faire une idée
de la taille démentielle du site.
Nous
repartons ensuite en direction de Husavik, malgré les protestations
de Marie-Noëlle, qui aurait voulu rester sur place et poser ses
valises pour une décennie ou deux sur le site de camping. Une fois
en ville, nous décidons, sur un coup de tête, de partir observer
les baleines sur un ancien bateau de pêche traditionnel islandais.
Nous faisons les courses en quatrième vitesse pour déjeuner et, un
quart d'heure plus tard, nous voici sur le bateau. Nos deux guides
touristiques ainsi que la brochure de l'opérateur nous assurent que
nous avons 99 % de chances de croiser des cétacés ;
autant dire que nous attendons beaucoup de la balade !
Comme
nous le disait notre guide, deux éléments sont essentiels à
l'observation des baleines : la patience et la chance. De la
patience, nous en avons à revendre. En revanche, aujourd'hui, la
chance ne sera pas du tout avec nous : malgré trois heures en
mer, nous ne croisons pas le moindre mammifère marin. Une énorme
déception ! Ce n'est pas comme si la baie était un zoo où les
rencontres avec les baleines étaient garanties, mais après toutes
ces belles promesses, la frustration est immense. La balade nous aura
tout de même permis de déguster un chocolat chaud et de découvrir
Husavik et sa très jolie église depuis la mer, mais c'est une bien
faible compensation !
Direction
Akureyri, deuxième ville du pays (dix fois moins d'habitants que
Reykjavik...), pour notre avant-dernière escale. La ville abrite
l'une des rares boutiques de Noël au monde à être ouverte toute
l'année. Attention les yeux ! Boules pour sapin, vin chaud,
encens, bonbons de Noël, bougies... Tout cela brille de mille feux
et l'odeur de cannelle imprègne tout ! C'est terriblement
kitsch, mais pour un peu, on aurait envie de décorer le sapin
sur-le-champ.
lundi 13 août 2012
Islande, jour 5 - Hallormsstaður-Lac Myvatn
En
l'honneur de l'anniversaire de Marie-Alice, le soleil a décidé de
jouer les prolongations toute la journée. C'est donc par un temps
radieux que nous gagnons le premier site du jour, en traversant tout
d'abord des paysages de toundra, puis une région totalement désolée
qui définit à merveille le mot « rien ». Nous pensons
tout d'abord avoir à faire à un paysage lunaire, mais lorsque nous
arrivons à Dettifoss, c'est pire : ici, le paysage a quelque
chose d'apocalyptique, de presque menaçant.
C'est
à se demander comment la cascade peut surgir d'un tel décor.
Dettifoss, avec ses 100 mètres de large et ses milliers de litres
d'eau débités à la minute, c'est LA cascade la plus puissance
d'Europe. Le site est vertigineux, époustouflant. On reste plantés
là, sidérés par ce débit stupéfiant et par l'arc-en-ciel issu de
l'association des embruns et du soleil (pas besoin de Photoshop pour
le rajouter sur les photos !). C'est toute la puissance et la
majesté de Mère Nature qui s'expriment ici, et on s'arrache
difficilement à ce monstre pour poursuivre la visite.
Un
peu plus loin, on découvre Selfoss, plus petite mais tout aussi
impressionnante à sa façon, avec ses multiples chutes. Et tout
autour, ce ne sont que roches basaltiques, sable noir et petites
fleurs courageuses qui tentent tant bien que mal de survivre. On
croirait voir le jardin zen d'Odin, tant cet endroit défie
l'imagination.
Complètement
cuits par le soleil, nous reprenons la route vers le lac Myvatn,
célèbre pour réunir en un seul endroit tout ce qui fait la beauté
de l'Islande : sources chaudes, phénomènes géothermiques
bizarres, formations rocheuses bancales et volcans pas toujours
éteints. Avant d'accéder au lac proprement dit, nous faisons étape
sur le site de Hverir, un ensemble de mares de boue sulfureuse qui
glougloutent en dégageant une odeur infâme. Dans des cratères aux
contours jaunâtres, une espèce de magma noir bouillonne en continu
à des températures pouvant aller jusqu'à 200°. C'est
particulièrement impressionnant et un brin inquiétant. On aimerait
prendre le temps de faire le tour de chaque mare pour observer le
phénomène en détail, mais l'odeur d'œuf pourri est épouvantable,
à peine supportable, et nous explorons le site le nez bouché. Au
final, nous ne sommes pas fâchés de repartir pour respirer un air
moins sulfureux (même si l'odeur ne disparaît jamais vraiment dans
ce pays, y compris sous la douche...).
Tout
près du lac Myvatn se trouvent les grottes de Grjotagja, qui étaient
autrefois prisées pour la baignade. Aujourd'hui, l'eau est devenue
trop chaude pour faire trempette (quoique, 50°, c'est à peine plus
chaud que la température de ma douche...), mais on peut toujours y
glisser la tête pour se faire une idée de ce à quoi cela devait
ressembler. On y accède par un petit chemin de randonnée de 2 km,
qui commencent dans un petit bois pour se terminer dans le sable,
face à un vent à décorner les bœufs. Parce que le trajet du
retour n'est pas très engageant, nous laissons Benjamin faire le
chemin inverse en courant pour récupérer la voiture et venir nous
chercher. Le privilège du beau sexe !
Nous
nous sommes épargné 2 km supplémentaires, et ce n'était pas du
luxe, car l'étape suivante est un gros morceau : il s'agit du
Hverfjall, un cratère d'explosion vieux de 2 500 ans, qui
ressemble trait pour trait aux schémas de volcan parfait qu'on
trouve dans les livres. Le chemin qui mène au sommet est ardu et le
dénivelé plutôt costaud, mais une fois en haut, on se dit que la
vue valait bien de mettre à mal nos mollets. Vu des hauteurs, le lac
est superbe – et le cratère lui-même n'est pas en reste. Encore
une fois, on se sent totalement écrasé par le diamètre (plus d'un
kilomètre, quand même) du lieu, et on se dit qu'il ne devait pas
faire bon se trouver dans les parages au moment de sa création !
Le vent qui souffle en rafales est très violent et nous pousse
bientôt à redescendre, car nous n'avons pas l'impression d'être
les bienvenus.
La
journée se termine, mais le soleil ne semble pas bouger d'un pouce
(il ne fait pas nuit avant 23 heures dans cette région du monde), et
nous décidons donc de faire un dernier arrêt au site de Dimmuborgir
(les « châteaux noirs » dans la langue d'ici). Le nom
parlera à tous les fans de metal, même s'il ne s'agit pas ici du
groupe suédois, mais bien d'un vaste terrain couvert de formations
de lave aux formes bizarres. Nous n'avons malheureusement pas le
temps de faire la balade d'une heure qui mène à la formation la
plus connue, dite « la cathédrale » en raison de son
arche, mais le petit sentier que nous suivons pendant vingt minutes
suffit amplement. Mère Nature semble avoir joué à la pâte à
modeler, avec un talent tout relatif...
Une
journée intense, qui n'augure rien de bon pour nos jambes demain au
réveil !
Beaaaaucoup plus de photos par ici.
Beaaaaucoup plus de photos par ici.
dimanche 12 août 2012
Islande, jour 4 - Höpn-Hallormsstaður
Levés
aux aurores, donc, pour retourner au lac Jökulsarlon. Nous prenons
la route à 8 heures, et manifestement, les moutons n'ont pas
l'habitude d'être réveillés si tôt ! Nous en croisons des
dizaines qui somnolent encore au milieu de la route et qui mettent
toute la mauvaise volonté du monde à vider les lieux pour laisser
la place aux touristes pressés.
Sur
place, le brouillard est aussi dense qu'hier, et nous craignons un
moment que la mauvaise visibilité n'empêches le zodiac de sortir
sur le lac. Du tout, nous rassure la vendeuse de billets : les
bateaux sont équipés de GPS, et même si les icebergs ne sont pas
répertoriés dessus, c'est bien suffisant pour retrouver son
chemin ! Nous nous équipons donc de combinaisons dignes d'une
expédition en Antarctique et embarquons sur un zodiac pour nous tout
seuls. Il faut croire que nous étions les seuls à être
suffisamment courageux pour affronter la glace et le brouillard au
saut du lit !
Notre
guide, Karl, met les gaz, et nous sommes partis pour une heure
d'expédition sur le lac glaciaire. Le zodiac zigzague entre les
petits glaçons, les gros icebergs et les morceaux de glace de toutes
les tailles intermédiaires, et dès les premières minutes, nous
sommes transportés dans un autre monde. Comme il s'agit de la
première sortie de la journée, il faut parfois déblayer le terrain
et identifier les voies navigables, mais Karl réussit malgré tout à
nous conduire rapidement à la pointe du glacier. Le monde du silence
version glace : on a l'impression d'avoir pénétré dans un
univers parallèle, où le seul bruit est celui des icebergs qui se
brisent.
Karl
nous raconte l'histoire du glacier et nous explique pourquoi les
icebergs ont des couleurs différentes : bleu pour ceux qui
viennent de se détacher du glacier, blanc pour ceux qui ont déjà
commencé à fondre et noir pour les couches de cendres volcaniques
intégrées à la glace. Il nous permet même de toucher un bloc de
glace vieux d'une centaine d'années et de nous lever dans le zodiac
pour apprécier pleinement le paysage autour de nous. Il fait un
froid mordant sur cette étendue d'eau qui semble ne jamais finir, et
la pluie vient se mêler de la partie, mais le spectacle est à
couper le souffle. L'expérience vaut bien d'avoir écourté la nuit
et rallongé notre parcours de la journée de plus de 150 km. Nous
repartons totalement transis mais ravis !
La
suite du programme semble un peu compromise en raison du brouillard.
Nous devons en effet découvrir les fjords de l'est, mais la
visibilité est extrêmement mauvaise : à certains endroits, on
ne distingue même plus la route à dix mètres, alors la mer, il ne
faut pas y compter ! Après le déjeuner, nous décidons malgré
tout, sans trop y croire, de tenter notre chance avec le premier
fjord. Nous poussons donc jusqu'à Stöðvarfjörður (non, oubliez
l'idée de le prononcer) – et nous faisons bien, car le ciel semble
décidé à s'éclaircir.
Nous
observons de loin le jardin de Madame Petra, une vieille dame qui
collectionne les cailloux et a fait de sa demeure le premier musée
minéralogique privé du monde. Quand on voit l'extérieur, on n'ose
imaginer à quoi doit ressembler le reste de la maison...
Encouragés
par le temps, nous poursuivons notre route jusqu'à Faskruðsfjörður
(…), le « camp de base » des pêcheurs de morue
français jusqu'au début du 20è siècle. Ceux-ci ont à l'époque
fait construire un hôpital et une chapelle, et 49 d'entre eux sont
enterrés dans un tout petit cimetière au bord de la mer. Nous nous
arrêtons dans le café du village, qui fait également office de
musée, pour boire un thé, servi par un étudiant islandais dont le
français force l'admiration. Dernière étape du parcours,
Reyðarfjörður (jamais deux sans trois !), le plus escarpé
des fjords, se dévoile le long d'une route d'une beauté à couper
le souffle, mais qui a une fâcheuse tendance à se transformer en
piste gravillonnée sur plusieurs kilomètres. Nous nous arrêtons à
plusieurs reprises pour prendre des photos, d'autant que le soleil
nous fait la grâce de montrer le bout de son nez.
Sur
le chemin de l'hôtel, le soleil et le ciel bleu se font plus francs,
ce qui laisse présager de bonnes choses pour demain. Ce soir, nous
logeons dans un village-hôtel perdu au cœur de la plus grande
(d'aucuns diraient la seule) forêt islandaise. Surexploitée pour la
construction de maisons et de drakkars, la forêt a en effet
pratiquement disparu dans le pays, et le reboisement n'a commencé
qu'au début du 20è siècle. Hallormsstaður a pour ainsi dire
poussé entre les arbres, et le cadre de l'hôtel est tout bonnement
enchanteur : cascade à gauche, lac et montagnes en face,
élevage de chevaux et bungalows à gauche. Le bâtiment lui-même
est très vieillot et la déco surprend autant que les environs.
A
peine nos valises posées, nous partons en expédition du côté de
la cascade. La balade se transforme très vite en trek au sommet de
la chute, ce qui nous permet d'en découvrir une deuxième, plus
petite, cachée derrière ! Après l'effort, le réconfort :
l'hôtel dispose d'un « hot tub », ou piscine chaude,
dans laquelle nous allons nous relaxer une petite heure avant le
dîner. Après la randonnée d'hier, l'eau chaude est la bienvenue
pour les muscles ! Et que dire de ce buffet islandais qui
propose trois sortes de saumon ? Une bien belle étape !
samedi 11 août 2012
Islande, jour 3 - Skogar-Höfn
Au
réveil, l'état du ciel n'est pas vraiment encourageant et nous fait
craindre que le temps soit aussi déprimant qu'hier. Mais pour
changer un peu, lorsque nous rejoignons la cascade de Skogafoss (à
500 mètres de notre hôtel), c'est le brouillard qui se met de la
partie, et non la pluie ! Pas le temps idéal, mais à choisir,
mieux vaut la brume que les trombes d'eau d'hier !
Nous
découvrons donc Skogafoss, 60 m de hauteur, dans une belle purée de
poids. Nous décidons donc de prendre un peu de hauteur et de gravir
les 183 marches qui mènent au sommet de la cascade. L'ascension est
un peu rude, mais le décor en vaut la peine : la cascade
s'écoule en effet entre deux glaciers et la vue est magnifique. Le
brouillard nous faut même la grâce de se lever un peu, si bien
qu'en redescendant, nous sommes en mesure d'apprécier davantage la
cascade à proprement parler.
Nous
poursuivons notre périple le long de la route n° 1, la principale
route d'Islande. Par « principale route », traduire :
deux fois une voie (une seule et unique voie sur les ponts), vitesse
limitée à 90 km/h, présence humaine quasi-inexistante, beaucoup de
moutons et de chevaux, qui se permettent d'ailleurs de traverser sans
regarder d'un côté puis de l'autre que la vie est libre. Le simple
fait de rouler est une aventure en soi...
Direction
la réserve naturelle de Dyrholaey, une superbe langue de terre
rocheuse qui peut se vanter de jolies falaises, de plages de sable
noir, de trois curieux cônes de basalte, d'un très gros caillou
avec un trou au milieu et d'une belle colonie de macareux. Nous
commençons par découvrir les falaises venteuses et la mer qui vient
s'écraser sur les rochers en contrebas. Le rocher solitaire qui se
dresse au milieu de la plage et les trois « doigts » de
basalte au large sont particulièrement impressionnants et
caractéristiques de la géographie islandaise : on passe sans
crier gare du plat total aux formations géologiques de plusieurs
centaines de mètres de haut !
De
l'autre côté du parking nous attendent les macareux, pas farouches
pour deux sous, qui prennent la pose pour des photographes ravis et
un peu stupéfaits. Voir ces petits oiseaux trognons comme tout vivre
leur vie si près des humains à de quoi surprendre ! C'est une
occasion unique de les regarder voler (on remarque d'ailleurs que
leur corps est plus fait pour la plongée que pour le vol), interagir
les uns avec les autres, se lancer dans de grands lustrages de bec...
Un spectacle féérique et un peu surréaliste !
Pour
profiter pleinement de la « roche percée », il faut
emprunter une route difficilement carrossable qui monte, qui monte,
qui monte jusqu'au sommet d'une impressionnante falaise. Là encore,
les macareux sont au rendez-vous... mais le brouillard aussi !
Le caillou avec un trou dedans reste donc désespérément caché
dans la brume. Qu'à cela ne tienne, le phare juché là et les
adorables zoziaux valaient à eux seuls le déplacement.
Nous
reprenons la route n° 1 jusqu'au village de Vik, dont on remarque
tout d'abord la petite église perchée sur une colline. Mais la
vraie attraction du lieu, c'est la longue plage de sable noir, sorte
de mini désert gothique qui semble tout droit sorti de l'imagination
de Tim Burton. On commence tout juste à comprendre que ce pays a été
façonné par les volcans plus que par toute autre chose. Avant de
partir, nous recueillons un peu de sable et quelques cailloux, qui
feront de très jolis souvenirs.
Après
nous être ravitaillés au supermarché pour le déjeuner, nous
prenons la route du parc national Skaftafell. Au cours des presque
deux heures de trajet, le paysage change plusieurs fois de façon
spectaculaire : curieuses formations de basalte couvertes de
mousse, puis collines verdoyantes dignes d'un road-trip en Ecosse, et
enfin, vaste étendue désertique noire qui nous fait craindre
d'avoir loupé un croisement et d'être arrivés sur la lune.
Nous
arrivons enfin au Skaftafell, où nous sommes accueillis par la masse
impressionnante (mais toujours masquée par les nuages) du
Vatnajökull, le plus grand glacier d'Islande (de la superficie de la
Corse, quand même). L'air qui descend des montagnes enneigées est
bien frais, et pour nous réchauffer, nous optons pour une randonnée
d'environ 3 km aller-retour qui doit nous conduire à Svartifoss, la
Cascade Noire, une curiosité locale. Sur le chemin, nous croisons
d'autres cascades de moindre importance et beaucoup de cours d'eau,
mais c'est surtout le contraste entre la montagne boisée sur
laquelle nous nous trouvons et le désert aux alentours qui est
saisissant. En Islande, on ne fait pas dans la demi-mesure :
c'est plat ou c'est très haut, et il n'y a rien entre les deux.
Après
une belle grimpette, nous voici arrivés à Svartifoss, cathédrale
de nature où des colonnes de basalte curieusement symétriques
jouent le rôle des grandes orgues. Une véritable merveille.
Pendant
que Benjamin va jouer au cabri pour découvrir et photographier les
cours d'eau et cascades plus petites sous d'autres angles, les filles
se contentent de redescendre par le chemin inverse. Et là, miracle !
Arrivées en bas, nous constatons que la brume s'est dissipée. Le
Vatnajökull dévoile ses sommets couverts de neige et ses coulées
de glace, et c'est tout simplement à couper le souffle. Voilà un
spectacle auquel nous ne sommes vraiment pas habitués par chez
nous !
Dernière
étape de la journée : le Jökulsarlon, le lac de formation
très récente qui marque la fin du glacier. Ce qu'on découvre au
sommet des petites éminences au bord de la route nous laisse bouche
bée et sans voix : des icebergs bleus et blancs immobiles ou à
la dérive, qui entre parfois en collision dans de grands
craquements. Une vision sidérante – on a du mal à croire qu'on
est en plein mois d'août !
Sans
doute poussée par l'instinct breton, Marie-Noëlle se met en tête
d'aller se tremper les pieds dans le lac. Telle mère, telle fille,
pas question que je la laisse y aller seule ! Vous avez déjà
tenté de mettre les pieds dans l'eau en Bretagne en février ?
Et bien dites-vous que cela doit ressembler à une baignade aux
Seychelles à côté de notre expérience dans le Jökulsarlon !
On imagine aisément la température d'un lac dans lequel flottent
d'énormes glaçons... Nous ne tenons d'ailleurs pas plus de quelques
secondes, le temps de prendre une photo pour prouver que, sans
blague, on l'a fait.
Très
impressionnés par le décor, nous décidons de revenir demain pour
embarquer à bord d'un zodiac qui permet d'approcher les icebergs de
très, très près. Il faudra nous lever très tôt pour en profiter,
mais c'est le genre d'expérience que l'on ne vit qu'une fois et
qu'il ne faut pas manquer. En attendant, nous regagnons notre hôtel
un brin fatigués par tout le crapahutage de la journée, mais avec
le sentiment d'avoir identifié les nouvelles merveilles du monde.
vendredi 10 août 2012
Islande, jour 2 - Reykjavik-Skogar
Nous nous arrêtons tout d'abord au
parc national Þingvellir
(pour ceux qui voudraient s'amuser à le prononcer, le « Þ »
correspond au « th » anglais), soit « la plaine du
parlement » dans la langue de Molière, intéressant d'un point
de vue géologique comme historique. C'est en effet sur ce terrain
sauvage et magnifique que se tenaient les grandes assemblées
parlementaires islandaises, auxquelles assistaient les chefs de clans
et leurs armées. La diplomatie et les lois s'appliquaient souvent à
coups de hache, mais personne ne venait s'en plaindre, donc difficile
de critiquer. Pendant des siècles, debout sur un rocher au milieu
d'un amphithéâtre naturel, le président de l'assemblée déclamait
ainsi les anciennes lois du pays et faisait appliquer les nouvelles.
C'est
aussi dans le cadre enchanteur du Drekkingarhylur, dont la traduction
donne « le bassin des noyés », que l'on exécutait les
femmes reconnues coupables d'adultère. Charmante époque...
Sur
notre circuit, nous croisons également une petite église de poupées
du 19è siècle, construite sur le site d'une des toutes premières
églises d'Islande, bâtie après la légalisation du Christianisme
dans le pays (en l'an 1 000. Disons que les Vikings étaient un
peu réfractaires à une religion prônant la paix et l'amour de son
prochain. Parce qu'on en faisait quoi, après, des haches, hein ?).
Mais
le site a également une importance géographique, car c'est là que
se chevauchent les plaques tectoniques américaine et européenne. Et
ça se voit : il est évident que la terre a « craqué »
plus d'une fois dans les environs !
La
pluie et le vent nous accompagnent pendant tout le parcours, et on se
félicite d'avoir empaqueté polaires, K-ways et vestes de ski en
prévision d'un été dans le Grand Nord !
Toujours
sous une pluie battante, nous nous rendons sur le site de Geysir, une
zone géothermique bizarroïde où des colonnes d'eau très, très
chaude jaillissent du sol à des pressions à peine croyable. Et
devinez comment on a appelé ce phénomène ? Les geysers,
pardi ! On découvre plusieurs petites sources d'eau bouillante
(si, bouillante, on a vérifié...) et fumante, des chaudrons
bouillonnants, des cratères bleu fluo et le célèbre geyser
Strokkur, qui propulse toutes les 5 à 10 minutes une colonne d'eau
et de vapeur sur des hauteurs impressionnantes. On a beau en avoir vu
dans des émissions de télé et en photo, les geysers, en vrai,
c'est extrêmement impressionnant ! Surtout quand on finit
douché parce qu'on était placé du mauvais côté du vent...
La
pluie tombe toujours et nous sommes trempés comme des soupes quand
vient le moment de rejoindre la voiture. Mais le thème de la journée
étant ce qu'il est, notre prochain arrêt ne nous permettra pas
vraiment de nous sécher. Nous nous rendons en effet à Gullfoss, la
Cascade d'Or, la plus bruyante d'Europe. C'est aussi la cascade qui
enregistre l'un des plus gros débits du monde, avant même les
Chutes du Niagara, d'après les panneaux d'information ! Il faut
bien avouer que les mots manquent pour décrire la beauté sauvage de
cette double chute d'eau. On se sent minuscule face à tant de
puissance et de majesté. Trempés pour trempés, nous décidons de
nous approcher au plus près de l'eau et finissons complètement
noyés par les embruns – mais au moins, cette fois, nous l'aurons
choisi !
Avant
de regagner notre hôtel, nous faisons un détour par Kerið, un
majestueux cratère multi-millénaire, au cœur de la région de
Grimsnes, qui a connu au moins 10 coulées de lave au cours de
l'Histoire. Mais, un peu lassés par la pluie qui n'en finit pas et
le vent qui l'accompagne, nous ne faisons qu'un arrêt de cinq
minutes pour prendre quelques photos.
Sur
la route de l'hôtel, nous longeons le Mont Hekla, un volcan très
actif dont la dernière éruption remonte à l'an 2000. En fait, son
activité est telle que, au Moyen Age, nos ancêtres étaient
persuadés qu'il s'agissait de l'entrée de l'Enfer ! Le sommet
du volcan est caché par les nuages, mais on peu voir de nombreuses
cascades vivre leur vie à intervalles réguliers. Nous nous arrêtons
à deux reprises pour photographier les plus jolies chutes sur le
bord de la route.
Ce
soir, étape à Skogar, une ville qui abrite l'une des plus belles
cascades du pays. Mais assez d'eau pour aujourd'hui ! Nous
visiterons le site demain, après avoir tenté de faire sécher nos
affaires ! En attendant, place au dîner typiquement islandais,
avec pâté aux myrtilles, pain noir et... filets de baleine.
Pour
la galerie photos, c'est par ici. Sur certaines, on aperçoit les
gouttes de pluie qui maculaient l'objectif, mais ce n'est pas
toujours facile de garder son appareil au sec quand on est soi-même
trempé jusqu'aux os !
jeudi 9 août 2012
Islande, jour 1 - Arrivée
Comme promis, nous étrennons ce blog
avec le récit de nos aventures islandaises, en compagnie de
Marie-Noëlle et Marie-Alice, alias maman et maman !
Des aventures qui ont démarré ce
jeudi soir de façon un peu chaotique... L'agence par laquelle nous
sommes passés pour réserver le voyage nous a vendu un vol à 22h35,
mais la compagnie aérienne, elle, annonce le décollage à 23h. Cela
dit, du moment que nous ne connaissons pas les mêmes mésaventures
que les pauvres voyageurs à destination de Porto (vol initialement
prévu à 16h40, parti à... 22h30), cette petite différence n'a
rien de problématique !
Après un peu plus de trois heures de
vol, nous voici arrivés à l'aéroport international de Keflavik à
00h30, heure locale. Et les ennuis commencent ! Marie-Alice récupère
en effet sa valise déchirée, la poignée cassée et les roues
abîmées. Bravo aux manutentionnaires de Transavia ! Notre premier
contact avec l'Islande sera donc le comptoir de réclamation des
bagages...
Une fois ces tristes formalités
effectuées, nous prenons possession de notre voiture chez Hertz. Un
peu petite pour contenir tous nos bagages, mais après quelques
minutes passées à jouer à Tetris dans le coffre, nous finissons
par trouver une solution.
L'aéroport étant situé à plus de 50
km de Reykjavik, et notre hôtel n'étant pas exactement facile à
trouver, nous allons enfin du coucher sur le coup de 3 heures du
matin. La nuit sera courte, car le programme de demain est bien
rempli !
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